lundi 13 mai 2013

Adoption des animaux de compagnie : "N'achetez pas : adoptez!"

TITRE : N’ACHETEZ PAS : ADOPTEZ!
J’aimerais partager avec vous mon expérience d’adoptante et de famille d’accueil pour chats via un Refuge reconnu (le Refuge pour Chats de Verdun). Je vous parlerai également de ce qu'impliquent les différentes sources pour adopter un animal de compagnie. Finalement je dresserai pour vous une petite liste de conseils à suivre par le futur adoptant. Que vous songiez à adopter ou que vous l'ayez déjà fait, pensez à être bien informés et informer votre entourage s'il y a lieu.

1-Pourquoi adopter un animal de compagnie?
Pour ma part, m'occuper d'animaux provenant de refuges est lié à une conviction profonde. Ils nous ressemblent, nous, personnes traumatisées crâniennes mais survivantes, relancées dans la vie avec encore quelque chose à offrir au monde. Malgré leur vécu difficile, je perçois les animaux rescapés comme de véritables éducateurs ou des thérapeutes. Je sens que je donne à ces animaux une deuxième chance de poursuivre leur vie en toute sécurité et avec amour et ils me le rendent mille fois. Ils ont le plus souvent été abandonnés, parfois maltraités et ont été recueillis, soignés, remis sur pied, rééduqués et préparés pour l'adoption par des refuges dont c'est le mandat.

Un animal de compagnie demande une attention et des soins particuliers. Une telle responsabilité, qui repose sur une routine, nous permet de travailler sur nos séquelles : organisation, mémoire, gestion du stress... Apprendre à s'occuper d'un petit être nous aide à gérer notre anxiété et nous donne un sentiment d'accomplissement et de confiance en soi. Plusieurs vous diront que les animaux de compagnie ont changé leur vie. Sauver un animal abandonné ne va pas changer le monde mais pour cet animal le monde change pour toujours.

2- Pourquoi je crois dans l’expression adopter plutôt qu’acheter un animal de compagnie?
Adopter un animal de compagnie suppose un choix éclairé. C'est un engagement à vie; ce n'est pas comme acheter un jouet qu'on peut un jour décider de laisser de côté ou jeter. Il existe plusieurs options qui s'offrent à nous pour trouver l'animal qui convient à nos besoins et à notre personnalité. Malheureusement, il y a parmi celles-ci des options qui sont méconnues et d'autres mal connues. Acheter ou adopter un animal, c'est très différent.

Le phénomène des abandons massifs d'animaux de compagnie, souvent non-stérilisés, crée un problème de surpopulation que les refuges essaient tant bien que mal de "réparer". L'origine du problème est entre nos mains. On ne devrait pas avoir besoin de refuges. Mais nous, que pouvons-nous faire pour aider à diminuer le fléau des abandons? Il faut commencer par faire de meilleurs choix au moment de l'adoption.
Chacune des différentes sources pour acquérir un animal de compagnie a ses conséquences. Souvent on oublie ou on néglige de se renseigner adéquatement sur la provenance des animaux vendus en animaleries. On croit parfois aider l'animal en l'achetant mais on oublie que cet animal sera remplacé par un autre, indéfiniment. Sachant que la plupart des animaleries font affaire avec de véritables "usines à animaux", comment ne pas remettre en question le bien fondé leur pratique? Il n'y a rien qui justifie de produire davantage d'animaux de compagnie, surtout lorsqu'on songe au sort des animaux qui ne sont pas achetés en animalerie parce qu'ils sont devenus trop âgés.

On oublie que le but des animaleries est avant tout de vendre, et ce à n'importe quel client, sans égard à ses motivations et surtout sans égards aux besoins de l'animal. C'est l'occasion d'acheter un animal sur un coup de tête, par urgence émotive. Les animaleries sont conscientes de cette faiblesse : les animaux présentés en vitrines font partie d'une tactique commerciale qui vise à attirer le client à l'intérieur du magasin et l'emmener à acheter, sinon un animal, au moins quelques gâteries ou accessoires pour l'animal à la maison.
Souvent, ces animaux achetés sur un coup de tête sont abandonnés par la suite, car on n'avait pas pensé aux coûts des soins du vétérinaire (stérilisation, vaccins, médicaments, etc.), on déménage, on fonde une famille, etc. Les chats non-stérilisés qui sont abandonnés se reproduisent dans la nature; c'est un cercle vicieux sans fin. Les refuges sont remplis à pleine capacité et certains doivent se tourner vers l'euthanasie, qui n'est pas une solution. Mais le problème continue.

Il y a probablement une mauvaise connaissance du public des options qui s'offrent à lui pour adopter un animal. De plus, sans s'informer suffisamment sur la provenance de l'animal, on risque d'encourager des pratiques malsaines, où des animaux de reproductions sont maltraités, et cela parce que n'importe qui peut s'improviser éleveur, et parce que le bien-être des animaux de reproduction n'est pas l'objectif de ceux qui le font pour l'argent avant tout. Certains prétendus éleveurs n'hésitent pas à offrir leurs animaux sur des sites internet afin de brouiller les pistes sur la provenance de l'animal vendu, en prétextant la distance pour nous empêcher de voir l'animal dans son espace d'élevage.

Des mesures sont prises de plus en plus sérieusement pour enquêter sur les plaintes concernant les lieux d'élevage et de vente, mais il n'en demeure pas moins que le commerce des animaux de compagnie est toujours "encadré", encouragé d'une manière ou d'une autre. Ne vous trompez pas : les abuseurs s'en sortent sans conséquences notables (des amendes dérisoires) : ils peuvent donc récidiver à loisir. Travailler pour démanteler ces "usines à animaux" est une lutte perpétuelle menée par les organismes et personnes engagées dans le combat pour le bien-être des animaux de compagnie. Tant qu'il n'y aura pas de lois intelligentes pour véritablement contrôler le commerce animal, ce fléau va poursuivre sa lancée.

Il ne s'agit pas de condamner toutes les animaleries mais de promouvoir l'idée de s'informer adéquatement sur la pratique de l'endroit quant à la provenance des animaux vendus. Heureusement, certaines animaleries collaborent avec des refuges et n'hésiteront pas à vous informer sur la provenance de l'animal, de son état, des soins qu'il requiert.

Justement, cette ouverture est ce qui caractérise les refuges à buts non lucratifs reconnus (ex: la SPCA, le refuge pour Chats de Verdun). Les gens dévoués qui y travaillent connaissent bien les besoins des animaux qu'ils présentent pour l'adoption, afin de trouver le bon adoptant pour chaque animal. À l'inverse de la plupart des animaleries, ce sont les besoins des animaux qui priment avant ceux des adoptants, afin d'assurer le bien-être de l'animal et éviter son abandon ou son retour en refuge. 

Au niveau des refuges sans but lucratif, celui que je connais le mieux fonctionne à partir de des familles d'accueil pour chats : le Refuge pour Chats de Verdun. Il s'agit de prendre soin d'un animal chez soi en attendant don adoption lors des Journées d'Adoption. Lorsqu'on leur a trouvé une famille d'accueil, les chats bénéficient d'un suivi (ils sont soignés, vaccinés et stérilisés) grâce au dévouement de vétérinaires qui  collaborent avec le Refuge.  Ainsi, les coûts d'adoption d'un chat du Refuge sont largement justifiés et même assez peu élevés comparativement aux démarches qu'un adoptant ferait lui-même en allant chez son vétérinaire. Ainsi, avantage non négligeable : vous serez plus en mesure d'avoir l'heure juste sur la condition, la personnalité et les habitudes de l'animal.  
Environ 250 chats par année trouvent un foyer grâce au Refuge pour Chats de Verdun, grâce aux Journées d'adoption qui ont lieu deux fois par mois et aux visites à domiciles.  Il est possible de voir les chats et connaître leur histoire sur le site du Refuge et sur sa page Facebook.    Le Refuge n'est pas subventionné et  fonctionne grâce aux dons de la population.


Bref, lorsqu'on prend le temps d'envisager les conséquences d'une adoption et les circonsntances comme la provenance de l'animal, on est plus en mesure de faire le meilleur choix et d'adopter comme un engagement à vie.

3-Conseils avant d'adopter:

En terminant, voici quelques conseils et questions utiles à se poser pour qui veut adopter un animal de compagnie :

. Se demander pourquoi on veut un animal de compagnie (sachant que ce n'est pas un jouet)

. Se demander si on veut absolument un animal bébé simplement "parce que c’est mignon". Ceux qui le font oublient souvent que l'animal va grandir! Pourquoi ne pas plutôt donner une deuxième chance à un animal qui a été abandonné, peu importe les années qui lui restent à vivre? N'oubliez pas qu'avec un animal adulte, il y a l'avantage de percevoir tout de suite sa personnalité parce qu'elle est déjà constituée. Il est ainsi plus facile de choisir un animal en harmonie avec notre bio-rythme (calme, enjoué, nerveux, etc.). Souvent, un animal peut "contrebalancer" notre humeur, nous donner une sorte d'équilibre. Par ailleurs, il est à noter que les refuges présentent des animaux de tous âges : c'est un argument de plus pour envisager d'autres solutions que les animaleries.

. Demander à notre entourage pour trouver quelqu'un qui a un animal à donner (par exemple, à cause d'un déménagement dans un appartement qui n'accepte pas les animaux).

. Devenir famille d'accueil! Eh oui! On ne peut pas adopter tous les animaux qu'on voudrait mais on peut en aider plusieurs en devenant la branche d'un refuge à la maison.

. Si on tient à acheter ce chat en animalerie ou ce chien pure race d'un éleveur, il faut se préparer à faire enquête! Pour les éleveurs, posez des questions, demandez à aller voir sur place. S'il y a mauvais contact ou qu'on vous refuse l'accès aux sites de reproduction, c'est mauvais signe : fuyez! Recherchez des éleveurs réputés passionnés par leur métier. Il en existe et ils sont à différencier des "usines à chiots", dont l'appellation dit tout. Il importe également de se méfier des annonces d'éleveurs par internet (ex: kijiji). En animalerie, posez des questions sur la provenance de l'animal et exigez des preuves matérielles (tels que : certificats d'éleveur, certificats vétérinaires) : il importe d'en vérifier l'authenticité avant d'acheter car certains individus n'hésitent pas à les contrefaire pour justifier le prix élevé des animaux et s'assurer la confiance des clients.

. Privilégiez les animaleries qui collaborent avec des refuges à buts non lucratifs réputés (il y en a de plus en plus et il est urgent d'encourager cette pratique, qui allie visibilité des animaux et choix humanitaire.)

. Dénoncer tout endroit qui abuse des animaux. P ar exemple, si les conditions vues lors de votre visite d'un éleveur ou d'une animalerie vous semblent malsaines ou si vous êtes témoins de toute forme de maltraitance animale, réagissez! Les plaintes doivent être dirigées au Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ) au 1 800 463-5023 option 4.

. Ne pas négliger de faire stériliser notre animal si ce n'est pas déjà fait. Généralement vous n'aurez pas à vous en occuper en adoptant dans un refuge reconnu car cette mesure est prise de façon obligatoire pour aider au contrôle de la surpopulation.

. Se procurer une licence à la Ville (chiens et chats) ou au moins mettre une médaille au cou de l'animal avec notre numéro de téléphone (pour éviter d ele perdre s'il s'échappe)

. Aller voir les refuges sur place lors des Journées d'Adoption, que ce soit pour adopter ou devenir famille d'accueil. On imagine souvent ces endroits comme tristes et lugubres. Et pourtant! Les gens qui y travaillent nous accueillent avec passion et prennent tout le temps nécessaire pour répondre à nos questions. L'ambiance des Journées d'Adoption nous procure une sorte de réconfort car on sent que ce qu'on s'aprête à faire est crucial. C’est le moment d’un coup de coeur plutôt que d’un coup... de tête.

. Aller visiter les magasins qui vendent exclusivement des accessoires et de la nourriture pour animaux (ex: Mondou, Pitou, Minou et Compagnons-Global) car elles annoncent des Journées d'Adoption en collaboration avec les refuges reconnus.